Côte d’Ivoire-AIP/ Quand des ex-migrants trouvent la voie de réintégration loin de la mésaventure de la Méditerranée (Reportage)

Elevage, restauration, pâtisserie, plomberie, maçonnerie, électricité, agriculture … occupent 4.626 ex-migrants ivoiriens de retour en Côte d’Ivoire qui ont choisi de se “convertir” dans les activités génératrices de revenus financées par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Certains anciens de ces migrants ont également obtenu des emplois stables, après la mésaventure du désert et de la Méditerranée.

Sur les traces d’ex-migrants

Agé de 19 ans en 2021, Touré Siaka a emprunté le chemin de l’aventure à l’âge de 16 ans. Avec pour destination l’Europe à tout prix, il part de Daloa, le 07 octobre 2017, pour la Libye. En attendant de rejoindre l’Europe, une fois sur place en Libye, le jeune aventurier est traumatisé par certains événements. Après neuf mois passés dans des lieux de détention dans ce pays, le mineur non accompagné réussit à regagner la Côte d’Ivoire grâce à l’Organisation internationale pour les migrations. De retour depuis le 19 février 2018, le jeune Touré a reçu un appui financier de la part de l’OIM pour une formation en mécanique au Centre de perfectionnement industriel de Yopougon où il est actuellement en 2ème année. A Yopougon Camp militaire, Touré Siaka profite actuellement des vacances scolaires pour faire un stage de perfectionnement dans un garage de renom. « Au terme de ma formation, je veux devenir un grand mécanicien dans les grandes industries ou entreprises de montagne de véhicules ou d’engins », affirme-t-il. Son tuteur légal, Silué Seydou, qui était sous le choc à l’annonce du départ de son protégé pour l’aventure, a également retrouvé le sourire. « Je ne cesse de lui dire que la chance ne se trouve pas uniquement en Europe. Je suis heureux car avec ce que je vois, il est à quelques pas d’un emploi rémunérateur », se réjouit-il, tout en saluant l’OIM pour l’accompagnement.

Des projets bien rentables pour les bénéficiaires

Comme Siaka, plusieurs hommes et femmes de retour en Côte d’Ivoire ont réussi une réintégration parfaite dans des activités génératrices de revenus financées par l’OIM. A l’issue de leur formation, des centaines d’ex-migrants ont été réinsérés dans le tissu socio-économique, grâce à des projets privilégiant l’auto-emploi.

Jeudi 19 août 2021, sur le site de Songon Diapoté, en bordure de l’axe Dabou-Abidjan, il est 10H15mn. Six ex-migrants et quatre membres de la communauté sont à la tâche. Ils fabriquent des aliments de volailles à l’aide d’une unité de transformation (ensemble broyeur et mélangeur). Ce projet est mis en exécution par l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER), à Abidjan dans le cadre de l’insertion socioprofessionnelle des ex-migrants de retour et des jeunes de la communauté en Côte d’Ivoire. Selon Mme Kouamé Hortense, chef de zone ANADER Abidjan, le choix est porté sur ce projet de production d’aliment de bétail du fait de l’engouement particulier des jeunes Ivoiriens pour l’élevage. Avant la mise en service de l’unité de production, les bénéficiaires ont suivi une formation de dix jours sur la gestion entrepreneuriale d’un projet et sur l’itinéraire technique de la fabrication des aliments de bétail. Mme Kouamé se dit très honorée de la rentabilité du projet. « Pour produire une tonne d’aliments, les bénéficiaires utilisent 700 kilogrammes de maïs et 300 kg de concentrés. Et tout cela revient à 274.000 FCFA. Le prix de revient à 280.000 la tonne, ce qui fait une marge brute de 6.000 FCFA par tonne d’aliment vendu. Or l’unité a une capacité de 10 tonnes d’aliments par jour. Ce qui fait un bénéfice de 60.000 FCFA que les acteurs peuvent engranger par jour », détaille-t-elle. Le responsable à la production, spécialiste de la production animale à l’ANADER, point focal des projets de réintégration des migrants de retour, Koué Kapé Léonard, plaide pour la mise en place d’un fonds de roulement de stockage de maïs en vue de permettre aux bénéficiaires de toujours disposer d’intrants. Car pour lui, cette année, à cause des facteurs de sécheresse et de la COVID-19, une pénurie de maïs est constatée sur le terrain, ce qui occasionne la flambée des prix. « Je vois un projet radieux même avec les fonds que les migrants ont actuellement », se réjouit-il. Aux alentours de l’unité de production d’aliment, sont installés plusieurs aviculteurs qui écoulent tous les deux mois, 10.000 poulets. Le président de ce groupement du projet, Kotchi Soukou Sylvain, rentré du Maroc le 28 décembre 2019 et sa trésorière, Mlle Brou Gertrude, une ex-migrante également sont très fiers. Toute leur production est écoulée sur place et plusieurs commandes sont en attentes à cause du manque d’intrants.

Source: Agence Ivoirienne de Presse