Côte d’Ivoire- AIP/ Un plaidoyer pour la construction d’une cantine scolaire à l’EPP de Batéguédéa 2 (Feature)

Les instances de gestion de l’Ecole primaire publique (EPP) de Batéguédéa 2 issue de la direction régionale de l’Education nationale et de l’Alphabétisation de Daloa et de l’Inspection de l’enseignement préscolaire primaire (IEPP) de Gonaté (sous – préfecture de Gboguhé), ont sollicité, vendredi 2 septembre 2022, à Abidjan, une aide extérieure pour la construction d’une cantine scolaire dans l’établissement.

Situé sur l’axe Daloa-Man, en zone rurale, à six kilomètres bitume, Batéguédéa 2 est un village composé de 50 campements habités par une population estimée à plus de 1500 habitants.

Un cri de cœur de la population de Batéguédéa 2

La population Batéguédéa 2 plaide pour la survie du système éducatif dans la localité par la construction d’une cantine scolaire. La demande d’aide a été formulée, par un comité composé du chef du village de Batéguédéa 2, Muguhé Sery Léon, du président des parents d’élèves, Kipré Bahi Anderson et du directeur de l’EPP de Batéguédéa 2, à Daloa, Dianka Ruffin.

En effet, le manque de cantine scolaire Batéguédéa 2 a occasionné au cours de l’année scolaire 2021-2022, l’abandon des classes pour 57 élèves de l’école, sur 297 inscrits dont 162 garçons et 135 filles. L’établissement a été créé en 1973 et compte six classes primaires et une maternelle animées par sept enseignants.

”L’EPP de Batéguédéa 2 effectue d’excellents résultats. Pour l’année scolaire 2021- 2022, elle a obtenu un taux de 94.33 % d’admis à l’entrée en sixième, soit 50 admis sur 53 élèves. Mais, avons-nous constaté l’abandon de 57 élèves au niveau de l’école ”, a déclaré le directeur de l’école, Dianka Ruffin.

Selon M. Dianka, la cause fondamentale de cet abandon des classes est le fait que 90 % des élèves de l’établissement, viennent des campements très éloignés et parcourent au moins 5 à 15 kilomètres pour rallier l’école. A la pause de midi, n’ayant pas de cantine scolaire, lorsque les enfants se rendent à domicile pour se restaurer, certains parmi eux, surtout les plus petits ne reviennent plus, à cause de la distance.

” Au début, lorsque les enfants venaient en retard, je me plaignais beaucoup à eux. Mais quand je suis arrivé dans leurs campements pour rencontrer les parents d’élèves afin de comprendre les causes du retard des enfants en classe, j’ai constaté que la distance parcourue par ceux-ci était très longue. Depuis lors, je les encourage à venir à l’heure sans les blâmer ”, a-t-il déploré. Cette situation est plus affligeante en saison de pluie, car les enfants viennent trempés à l’école. c’est pénible et triste, a-t-il renchéri.

La maternelle de Batéguédéa 2 a enregistré pour l’année scolaire 2021-2022, un effectif de 35 élèves pour 10 abandons notifiés au cours de l’année.

La petite Camara Kapitché, 11 ans, en classe de CM1, qui habite dans le campement Zoménéa à 4 kilomètres de l’école, appelle à la construction d’une cantine. ” Nous avons besoin de cantine pour manger sur place à midi. C’est vraiment difficile pour nous de rentrer à maison et revenir à l’école l’après-midi”, crie-t-elle.

Même cri de cœur pour Tago Romaric et Yohou Sara Perline, tous deux âgés de huit ans, en classe de CP2, qui parcourent six kilomètres depuis leur habitation dans le campement Gbaméléa pour se rendre en classe.

Le besoin crucial de cantine scolaire a conduit le Comité de gestion des établissements scolaires (COGES) à construire en 2000, une cantine scolaire, qui, malheureusement, n’a pu être fonctionnelle jusqu’à ce jour, car ne répondant pas aux normes éditées par le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, a souligné M. Dianka.

Ces normes définies par le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation pour recevoir un approvisionnement en vivres de la cantine, sont un réfectoire, un magasin pour le stockage des vivres et une cuisine, indique le directeur de l’EPP Batéguédéa 2.

Un projet de construction de cantine scolaire à Batéguédéa 2

Les instances de gestion de l’EPP de Batéguédéa 2, ont, dès lors, élaboré un projet en vue de formaliser leur sollicitation.

Un espace de 2 hectares à Batéguédéa 2 a été réservé à la construction de la future cantine. Elle devra être composée d’une grande salle servant de lieu de restauration aux enfants, d’une pièce servant de cuisine et d’un magasin afin de stocker les ravitaillements.

Pour le chef du village, Muguhé Sery Léon, la réalisation de ce projet va permettre aux élèves d’étudier dans un bon cadre et manger sur place à la pause de midi. Les élèves n’auront plus à parcourir des kilomètres pour aller se restaurer.

Même son de cloche du côté du président des parents d’élèves, Kipré Bahi Anderson, pour qui l’avènement de ce projet va rendre leur système éducatif “plus performant” et va réduire “considérablement le taux d’absentéisme et d’abandon ”.

Un apport de la population pour la réalisation du projet

Les différentes franges de la population ont décidé de s’investir corps et âmes, pour la mise en œuvre du projet de la future cantine scolaire à Batéguédéa 2.

Le Comité de gestion de l’établissement scolaire (COGES) de l’école, composé des parents d’élèves et des enseignants, envisage de prêter main forte pour le ramassage de matériels de construction (sable, gravier, les chevrons, les planches, et l’eau). Le président du COGES se charge de suivre les travaux de construction de la cantine et veiller à la sécurité du matériel sur le site.

De plus l’association des jeunes du village s’est engagée à soutenir la construction de la cantine, au niveau de la maçonnerie et de la menuiserie.

L’association des parents d’élèves de l’école, quant à elle, envisage également appuyer la cantine en fournissant des denrées issues de leur élevage de bétails, de volailles et de la pisciculture.

La coopérative agricole des femmes du village de Batéguédéa 2 dénommée « Zomadré » qui signifie en Bété « Mets ton cœur dans tout ce que tu entreprends », se propose d’apporter un soutien en vivres à la dotation du ministère pour l’approvisionnement de la cantine.

Elle contribuera ainsi à l’autosuffisance de la cantine scolaire. Cette association des femmes a, par conséquent, stocké d’importantes quantités de maïs, créé des champs de manioc, de banane, d’aubergine et de tomate.

Cette cantine scolaire s’avère être un outil indispensable de motivation scolaire pour les petits enfants dans le sens d’élever le taux de scolarisation, les années à venir et baisser celui de l’abandon des classes, a conclu le directeur de Batéguédéa 2.

Source: Agence Ivoirienne de Presse